Le chanteur Arshad Ali Khan, dont c’est le premier concert en Europe, est le benjamin des trois solistes. Né en 1984 et issu d’une longue lignée de chanteurs et joueurs de sarangi appartenant à la gharana de Kirana il stupéfie les spécialistes par la grande maturité de sa technique. Arshad Ali Khan sera en concert aux théâtre des Abbesses le samedi 28 mai 2011...
Cette grande tradition vocale du nord a conquis les cœurs au siècle dernier grâce au célèbre Abdul Karim Khan, né en 1872 à Kirana, non loin de Delhi, bien reconnaissable à son immense turban et sa moustache tombante qu’on voit sur les pochettes de ses vinyles. Ce chanteur un temps attaché à la cour du maharajah de Baroda allait devenir le maître de Sawai Gandharva, lui-même devenant le guru de Bhimsen Joshi (1922-2011) l’un des plus grands chanteurs du siècle dernier. L’école stylistique de Kirana a compté bien des chanteurs et chanteuses considérés comme de grands maîtres : le regretté Ameer Khan (1912-1974), mort en voiture au sommet de sa carrière, et la douairière Gangubai Hangal (1913-2009) qui se produisait encore à quatre-vingts printemps passés.
Chantant déjà avant même de parler, Arshad Ali Khan est un enfant prodige comme l’Inde sait en produire à foison. Bercé de musique dans sa famille, à quatre ans il savait distinguer une quarantaine de raga-s. Il devient le disciple de ses oncles maternels Mashkur Ali Khan et Mubarak Ali Khan, professeurs spécialisés au sein de l’institution musicale Sangeet Research Academy de Calcutta qu’il intègre comme pensionnaire dès l’âge de six ans. Un record dans les annales de l’institution. Le tout jeune élève pris en charge restera attaché pendant une quinzaine d’années à cette école dédiée à l’enseignement des étudiants les plus prometteurs. Élèves et maîtres y résidant, l’apprentissage correspond à l’enseignement traditionnel d’antan, le fameux sishia parampara, qui privilégie le rapport direct avec le guru, avec l’avantage pour les disciples d’être exempts des corvées habituellement dues à leur maître. Après chaque leçon, dès le matin, l’élève s’astreint au taleem, terme hautement signifiant dans la musique hindoustanie, qui désigne la pratique intense et continuelle d’exercices variés pour atteindre la perfection technique qui seule conduit à l’aisance de l’expression. L’innovation essentielle introduite par la gharana de Kirana dans l’art du khyal est le développement du raga dans un tempo lent, le plus souvent sur un cycle rythmique à 12 ou 16 temps, dont la durée peut atteindre 40 secondes, chaque temps étant divisé en quatre. Ce style induit une grande majesté et forme le cadre d’un mystère musical où sont posées peu à peu les pierres angulaires d’une architecture allant grandissant, formant des colonnes, des pilastres, des voûtes, allant jusqu’à dessiner des vitraux qui viennent diffuser les couleurs dominantes des raga-s. Dans une exposition si lente, la beauté et la stabilité de la voix revêtent une importance vitale. Arshad Ali Khan possède d’évidence la voix d’un chanteur né pour le khyal. C’est une voix d’or, faite d’un grain fin et épanoui, d’une solidité de roc, qui n’épargne pas la souplesse requise dans les passages les plus rapides fusant comme des flèches, ces taan qui sont comme des élancements où le chant prend son envol. Par son art Arshad Ali Khan, sans désir démonstratif, nous donne sous l’enchantement une leçon de musique magistrale.
Quand ?
Samedi 28 mai 2011 à 17h
Combien ?
Plein tarif 18€
Tarif réduit 13€
Où ?
Théâtre de la Ville - Les Abbesses
31 rue des Abbesses - 75018 Paris
Métro Abbesses
Tél. 01 42 74 22 77
www.theatredelaville-paris.com
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