Au Sud-Ouest du Gujarat, l'un des Etats les plus industrialisés de l'Inde, la population tribale des Bhils s'organise pour créer une Zone Economique Verte. L'appellation fait référence, avec une certaine ironie aux Zones Economiques Spéciales (les ZES), fers de lance de l'industrialisation en Inde. Un documentaire exceptionnel de Vanessa Dougnac et Fabrice Launay présenté en exclusivité par France 5 à l'adresse suivante www.france5.fr...
L'économie rurale se bat face à la tentation du développement industriel
La région des Bhils est encore vierge de tout développement industriel. La zone économique verte fédère une centaine de villages. Elle incarne la lutte du peuple Bhil lutte pour faire reconnaitre l'existence légale d'une zone protégée et basée sur une économie rurale. Le documentaire La revanche de la terre raconte ce combat au jour le jour.
Une philosophie héritée de Gandhi
M. Ganesh Devy, un ancien professeur de littérature, est le créateur de ce concept. Son organisation « BHASHA » cherche à implémenter des principes économiques inspirés de la philosophie gandhienne : autosuffisance des villages, micro-crédit, banques de semences, diversification des ressources agricoles, projets d'irrigation, défense des droits des paysans, reconnaissance de la culture tribale, etc. Ces idées s'inspirent du travail de grands activistes indiens, notamment Vandana Shiva ou Aruna Roy. Il s'agit de développer un système économique sain qui limite toute dépendance vis à vis du système capitaliste financier classique. Le petit paysan peut ainsi se protéger de la spirale d'endettement qui touche les populations rurales.
L'agriculture indienne est un enjeu mondial
L'Inde compte aujourd'hui 800 millions de paysans. À l'échelle de la planète, un paysan sur cinq est indien. Aux siècles prochains, l'Inde rurale aura un rôle crucial à jouer dans la préservation des surfaces forestières et agricoles, mais aussi dans l'enjeu de la suffisance alimentaire.
Le miracle économique indien a oublié le monde rural
Le potentiel agricole de l'Inde est indéniable, mais à la condition d'investir, d'innover et de diversifier. Des outils souvent hors de portée pour les petits paysans. Ces derniers sont majoritairement pauvres et endettés. Depuis 2002, l'un d'entre eux se suicide toutes les 30 minutes. Le malaise touche même les riches zones agricoles du Nord de l'Inde, où le gouvernement a lancé, dans les années 60, une « révolution verte » basée sur des hauts rendements de production. Les 80 millions de tribaux qui, comme le peuple Bhil, vivent dans les campagnes reculées restent parmi les plus touchés : oubliés de la croissance économique, ils voient leurs terres convoitées par de grandes compagnies d'extraction minière. Le désespoir des campagnes revêt de nombreux visages, que ce soit la violente insurrection maoïste qui s'appuie sur la défense des paysans sans terre, ou la résistance de fermiers lésés face aux créations de zones industrielles franches. Dans la «nouvelle Inde» qui se rêve en géant économique, le paysan ne trouve pas sa place.
Comment redonner aux paysans indiens leur dignité ?
Le gouvernement indien cherche des solutions pour redonner au paysan sa dignité mais aussi pour répondre aux besoins de sa population croissante. Il n'a ainsi pas hésité à introduire la culture controversée du coton transgénique, commercialisé par la multinationale américaine Monsanto. L'agriculture biologique, quant à elle, n'est pas jugée assez performante. Mais l'augmentation des coûts de production et la baisse des investissements de l'état continuent à fragiliser l'économie agricole. Les campagnes indiennes, qui représentent la deuxième surface cultivée de la planète, sont pourtant liées au ciment de la paix sociale, de la prospérité, et de la suffisance alimentaire nationale et amondiale.
Face à ces enjeux, le grand défi économique de l'Inde reste aussi celui de sa tradition millénaire : l'agriculture.