Après un passage remarqué en juin 2006, la danseuse de bharata natyam Priyadarsini Govind, revient au Théâtre de la Ville-les Abbesses pour trois représentations exceptionnelles les mardi 29, mercredi 30 juin et vendredi 2 mai 2008, une fois encore mises en scène par sa complice de toujours, la danseuse Élisabeth Petit...
Dès qu’elle apparaît sur un plateau, l’impact ciselé de la danseuse indienne Priyadarsini Govind claque aux yeux. Experte en bharata natyam, le plus connu des styles de danse classique de l’Inde, elle impose en quelques secondes une présence accrocheuse où la limpidité des lignes et la grâce intime du geste signent une élégance abstraite sans fioritures. Les demi-pliés glissés sont nets ; le cercle dessiné par la danseuse impeccable dans son rythme. Tout concourt à un équilibre des lignes du corps et du mouvement dans l’espace. Tout respire avec évidence.
En haut de l’affiche
Programmée pour la seconde fois au Théâtre de la Ville-les Abbesses, Priyadarsini Govind, bien qu’arrivée relativement tard sur les plateaux par choix familial, a vite grimpé en haut de l’affiche, rejoignant le trio gagnant des danseuses de bharata natyam. Née à Tanjore, elle a fait son apprentissage auprès des gurus Swamimalai K. Rajarathnam et Smt. Kalanidhi Narayanan, basés à Madras, cœur battant du bharata natyam. Son premier passage en 2006 avait d’emblée indiqué la teneur artistique de son travail : travail du style évidemment mais sur un canevas thématique choisi. En collaboration avec la danseuse et chorégraphe de bharata natyam Élisabeth Petit, elle avait mis en scène l’histoire d’une mère pleurant son fils mort à la guerre. Un scénario grave que les codes de la danse traditionnelle indienne avaient su à la fois mettre à distance sans pour autant en évacuer la charge émotionnelle.
Reconfigurer les lignes de force
Avec sa nouvelle pièce en solo, Priyadarsini Govind, toujours épaulée pour la conception par Élisabeth Petit, s’attache à la forme même du récital pour en reconfigurer les lignes de force. Elle suit la structure traditionnelle dans sa progression technique et dramatique, en introduisant deux séquences oubliées depuis quelques années par les interprètes. Ces deux pièces sont l’alarippu et le jatisvaram, morceaux que les jeunes interprètes apprennent toujours à l’école mais qui ont été délaissés en raison de la durée raccourcie des spectacles aujourd’hui.
Un coup de fouet à la virtuosité
Après donc le kautwam, invocation de Murga, fils de Shiva et Parvati, divinité très populaire dans le sud du continent indien, l’alarippu, qui signifie littéralement "bouton de fleur", ressemble de fait à une éclosion corporelle et esthétique. Jouant sur les yeux, le buste, les épaules, les bras, elle s’appuie sur un gros travail de dissociation des gestes tout en prenant possession du plateau. Les mouvements multidirectionnels, avec un accent sur les diagonales, se combinent avec des danses en pliés qui apprivoisent les trois niveaux de l’espace ainsi que les trois vitesses en vigueur dans le bhârata natyam. Le vocabulaire de base est présenté de façon précise pour aller en s’accélérant au fil du tableau. L’alarippu se veut un marchepied pour le jatisvaram, morceau de bravoure de danse pure, qui donne un coup de fouet à la virtuosité.
Toute la gamme de la colère
Ces deux séquences, d’une durée de dix à quinze minutes, ont été souvent retranchées des récitals pour ne pas épuiser la danseuse avant le moment-clef, celui du varnam, combinant danse pure (nritta) et narrative (abhinaya), pendant près de quarante-cinq minutes. Une fois de plus, Priyadarsini Govind et Élisabeth Petit ont aiguisé leur parti pris. L’héroïne est une femme qui attend son bien-aimé Shiva puis tempête lorsqu’elle découvre ses infidélités. Toute la gamme de la colère est au cœur du travail d’interprète de Priyadarsini Govind qui a décidé de passer au crible les nuances de la rage, le sarcasme, le dédain, la dérision, devant les efforts de son amant à se faire pardonner.
Mudras, à la fois stylisées et proches d’expressions d’aujourd’hui
Un éventail théâtral que le bharata natyam permet d’aborder en finesse et dont Priyadarsini Govind adore se jouer. Ses mouvements de prunelles, sa façon d’exorbiter les yeux, les mimiques de son visage et ses mudras (geste symbolique des mains), possèdent cette force d’être à la fois stylisés et proches d’expressions d’aujourd’hui. Parallèlement, pour le Tillana, autre séquence du récital, Priyadarsini Govind a demandé à la chanteuse Aruna S. de pouvoir intégrer deux chants méconnus du XIXe siècle dont elle a permis la redécouverte. Le couplet final évoque Krishna, la divinité la plus populaire du panthéon indien, séducteur et joueur de flûte dont la mélodie hypnotise et apaise.
Création
Conception : Élisabeth Petit et Priyadarsini Govind
Lumières : Murugan Krishnan
Collaboration artistique, textes et voix : Élisabeth Petit
Chorégraphie et interprétation : Priyadarsini Govind
Musique
Preethi Maheshwar : chant
K.N. Shajilal : nattuvangam
M. Shakthivel : mridangam
Sigamani Natarajan : violon
Quand ?
Mardi 29 avril, mercredi 30 avril et vendredi 2 mai 2008
Combien ?
Plein tarif : 1re catégorie 23€ & 2e catégorie 16,5€
Tarif jeunes : 1re et 2e catégorie :12€
Où ?
Théâtre de la Ville - Les Abbesses
31 rue des Abbesses - 75018 Paris
Métro Abbesses
Tél. 01 42 74 22 77
www.theatredelaville-paris.com
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