Éminent spécialiste de l’Inde ancienne et auteur de nombreux ouvrages ou articles consacrés à la civilisation traditionnelle de ce monde si éloigné des représentations occidentales, Michel Angot, qui enseigne à l’école des Hautes Etudes en Sciences sociales, se propose, dans un cycle de trois conférences, d’éclairer divers aspects de l’histoire indienne...
On n’est guère renseigné sur l’histoire politique en Inde car les souverains ont surtout essayé d’éviter l’histoire pour coïncider avec des modèles d’éternité. A cela, il y a quelques exceptions. Grâce à l’épigraphie, depuis le XIXe siècle, on a redécouvert un souverain hors normes : Ashoka (IIe siècle av. J.-C.) fut, à la manière de saint Louis, un roi et un religieux. Il tenta, dans la seconde partie de son règne, de conjuguer les valeurs du yoga et du bouddhisme (compassion, etc.) avec l’exercice du pouvoir, et se fit le propagandiste inlassable d’un programme politico-religieux qu’il fit graver sur des piliers et des rochers à la périphérie de son royaume. Aux antipodes d’Ashoka semble-t-il, se trouve Kautilya (dates discutées, peut-être un peu avant l’ère chrétienne), l’auteur de l’Arthashâstra, un traité de politique extraordinaire. L’ouvrage, théorique, décrit la Realpolitik, i.e. tous les moyens que doit utiliser le roi au service de son intérêt et de la puissance de son royaume. L’Arthashâstra montre qu’il n’y avait pas seulement l’Inde religieuse, ivre de Dieu ou des dieux. Et puis Tipu Sultan (mort en 1799), le seul vrai opposant sur le long terme à la colonisation britannique. Loin de l’idéalisme d’Ashoka et à l’hyperréalisme théorique de Kautilya, Tipu Sultan a été confronté à l’exercice du pouvoir à une époque où la mondialisation au profit de l’Occident européen hésitait encore entre la Grande-Bretagne et la France. Même vaincu par l’histoire, Tipu est un bon spécimen de l’exercice du pouvoir en Inde
Ashoka (3e siècle av. J.-C.) : l'empereur guerrier et non violent
Mercredi 15 octobre 2008 à 11h
Le personnage d’Ashoka retiendra tout d’abord son attention. Figure emblématique de la dynastie maurya installée par son grand-père Chandragupta et renforcée par son père Bindusara, il parvient, au cours de son règne (269-232 av. J.-C.) à unifier presque complètement sous son autorité le subcontinent indien. Converti au bouddhisme après avoir mesuré les atrocités engendrées par la conquête du Kalinga, il en favorise l’extension dans l’ensemble de son royaume, administré depuis Pataliputra, sa capitale établie au cœur du bassin gangétique. Durant la dernière période de son règne, ce souverain exemplaire apparaît comme un sage qui fait graver dans la pierre des édits moralisants prêchant la tolérance, la justice, et la non-violence.
Kautilya et le réalisme politique : un Machiavel indien ?
Mercredi 22 octobre 2008 à 11h
Appelé aussi Canakya, le brahmane Kautilya fut le premier ministre du souverain maurya Chandragupta. Il est surtout connu pour ses maximes et pour l’Arthashastra, le traité de science politique qu’on lui attribue et qui l’a fait considérer comme une sorte de Machiavel indien. L’intérêt de l’ouvrage, dont l’existence était connue depuis longtemps mais dont un exemplaire n’a été découvert en Inde du Sud qu’au début du XXe siècle – ce qui entretient la polémique quant à la date réelle de sa rédaction - réside surtout dans la description qu’il donne du royaume de Magadha à l’époque de Chandragupta.
La résistance impuissante : Tipu Sultan (1750-1799)
Mercredi 3 décembre 2008 à 11h
Enfin Tipu Sultan, plus connu des nostalgiques de l’Inde française sous son nom de Tippou Sahib, apparaît comme le premier résistant à la colonisation anglaise. Souverain du Mysore, principal Etat du sud de l’Inde au XVIIIe siècle, il a cru pouvoir s’appuyer sur les Français pour contrer la pénétration anglaise dans le Dekkan mais les traités qui mettent fin à la guerre de Sept Ans et à la guerre d’Indépendance américaine ruinent définitivement ses espoirs de ce côté. Il traite avec l’ennemi en 1784, mais les sujets de Sa Gracieuse Majesté n’entendent pas limiter durablement leurs appétits et relancent l’offensive contre le prince récalcitrant en 1790, puis en 1799. Vaincu et tué au combat devant Seringapatam, sa capitale bientôt mise à sac, Tippou Sahib apparaît comme le représentant de la dernière tentative d’opposition sérieuse aux entreprises des Britanniques, qui annexeront de fait son Etat au XIXe siècle.
Trois conférences de Michel Angot
Membre du Centre d'Études de l'Inde et de l'Asie du sud Enseignant à l'EHESS
Quand ?
Mercredi 15 octobre 2008 à 11h
Mercredi 22 octobre 2008 à 11h
Mercredi 3 décembre 2008 à 11h
Combien ?
La plupart des conférences se déroulent sous forme de cycles mais aucune forme d'inscription préalable ou de cotisation ne vous est imposée. Vous ne payez votre participation qu’aux séances auxquelles vous assistez réellement.
Entrée pour une conférence : 13 €
Réductions
Étudiants de moins de 26 ans : 10 €
Carte Fidélité : 100 € pour 10 conférences.
Carte Amis de Clio : 150 € pour 20 conférences
Où ?
Maison des mines
270 rue Saint-Jacques - 75005 Paris
Métro Port-Royal ou Luxembourg
Site internet
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