Les Jugalbandi n’ont cessé d’être présentés en concert depuis les années 50, d’abord dans le Nord, grâce au regretté V.G. Jog, violoniste éclectique à la grande popularité, associé au génie du shanaï Bismillah Khan. Les icônes de la gharana de Maiwar* Ravi Shankar et Ali Akbar Khan, réunis à plusieurs reprises dans les années 60, allaient aussi faire du jugalbandi un événement musical de tout premier plan. Leurs fabuleux enregistrements sont toujours écoutés avec passion par les amateurs et aident les néophytes à apprivoiser la musique de l’Inde dans sa fantastique richesse mélodico-rythmique.
Depuis lors on a vu se créer bien des sortes de jugalbandi, parfois pour un concert unique sur la demande expresse d’un organisateur en quête d’originalité, concert dont il ne reste de trace que dans la mémoire des auditeurs. Mais bien des duos prennent forme du seul désir des interprètes de faire de la musique ensemble, formule qui leur permet d’intéresser encore plus les sponsors et d’évoluer eux-mêmes. On voit même s’intensifier cette tradition qui anime les festivals d’un souffle nouveau, en particulier dans les présentations de musiciens appartenant à deux systèmes différents partageant les mêmes fondements – ceux du Nord (hindoustani) et du Sud (carnatique).
C’est le cas du duo formé par Debashish Bhattacharya et Ganesh Rajagopalan (que le Théâtre de la Ville a déjà présentés dans d’autres formations) avec la slide guitare et le violon, deux instruments exogènes adoptés l’un dans le Nord, depuis peu, l’autre dans le Sud, depuis le XVIIIe siècle. Dès le début des années 60, la slide guitare est introduite en Inde par Brij Bushan Kabra, qui la popularise avec le CD Call of the Valley qui jouit d’un énorme succès et incluait deux ragas par Hariprasad Chaurasia et Shivkumar Sharma. Fasciné par le son de cette guitare, Debashish, né en 1963, s’est exilé de Calcutta pour étudier une dizaine d’années chez Brij Bushan Kabra, à Ahmedabad, capitale du Gujurat, située aux antipodes de son Bengal natal. Depuis lors il a créé plusieurs modèles de guitares dont la chaturangui à vingt-deux cordes. La slide guitare s’adapte admirablement à l’art instrumental hindoustani, grâce au bâtonnet qui glisse le long des cordes pour produire les effets de glissando (meend) comme les secousses sur les notes (gamak). Les cordes sont pincées à l’aide de plectres placés en bout de doigt, l’ongle de l’auriculaire venant gratter régulièrement les cordes à vide chikari comme sur un sitar.
Dans le Sud où le sarangi du Nord est inconnu, le violon est l’indispensable instrument d’accompagnement du chant et se joue aussi en solo. Ganesh Rajagopalan, né en 1965, est l’aîné des célèbres frères « Ganesh – Kumaresh ». Son art est ancré dans une tradition séculaire, impartie dès l’âge de trois ans par son père. Jouant constamment en duo avec son frère,
Ganesh a l’esprit du partage de la scène et le sens du Jugalbandi.
Amis de longue date, Debashish et Ganesh ont en partage une fraîcheur d’âme, une envie de jouer en donnant le meilleur d’eux-mêmes, dans la profondeur des phrasés, la vivacité réactive et l’éblouissement rythmique. Ils nous convient à un festin des sens où l’on demeure attentif aux enchaînement inattendus, comme à l’humour qui parfois vient les picoter. Les percussionnistes de haute volée se joignent à eux dans les compositions du Nord gat et du Sud pallavi et les quatre musiciens nous communiquent leur bonheur de jouer.
* Gharana de Maihar : école stylistique instrumentale majeure
créée par Allauddin Khan (1881-1972) père d’Ali Akbar Khan (1922-2009)
Accompagnés de :
Subhasis Bhattacharya : tabla
Satish Kumar : Mridangam
Quand ?
Mercredi 2 février 2010 à 20h30
Combien ?
Plein tarif : 18€
Tarif Jeune : 13€
Où ?
Théâtre de la Ville
2 place du Châtelet - 75004 Paris
Métro Châtelet
Internet theatredelaville-paris.com
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